Il faut remonter un peu dans le temps, de sept siècles exactement, pour découvrir que le cru doit son nom à des forêts de chênes, arrachées sur une ordonnance royale de 1316. Le sol granitique et l’exposition des collines s’avéraient propices à la culture de la vigne. Les bûcherons de l’époque devinrent vignerons et baptisèrent tout naturellement leur nouveau domaine Chénas.
Louis XIII avait fait de Chénas son vin favori. On dit même que c’est le seul qu’il acceptait à sa table ! Une très ancienne réputation d’excellence qui ne s’est jamais démentie. Chénas continue en effet de plaire au palais…
Quelques années plus tard, on retrouve le vin de Chénas dans les caves du roi Louis XIII. C’était, paraît-il, le seul vin qu’il acceptait sur sa table. Au XVIIIème siècle, Chénas était l’une des trois paroisses du Beaujolais connues pour exporter à grands frais ses vins jusqu’à Paris en 1722.
Un tel succès avait suscité depuis très longtemps bien des jalousies et c’est ainsi qu’un long procès (1616-1625) a opposé les échevins de Villefranche à ceux de Mâcon, déterminés à interdire l’extension du plant Gamay aux coteaux granitiques du Mâconnais méridional. Un combat définitivement perdu en 1642 quand l’ouverture du canal de Briare permit d’approvisionner à meilleur prix la capitale et d’autres grandes villes en Chénas, vin réputé de qualité.
Au sommet de la Montagne des Chasseurs, point culminant de l’appellation à 515m d’altitude offrant un panorama à 360°, se dressent les murs de l’Illustre Cabane des chasseurs. De part et d’autres se répartissent les vignes du Cru Chénas. Cette cabane ressemble à s’y méprendre à une tour du Télégraphe de Chappe.
Problème : on connaît parfaitement le tracé de la ligne Paris-Lyon, et aucune étape ne figure à Chénas. Aurait-on construit cette tour avant de s’apercevoir que l’emplacement ne convenait pas ? Un farfelu à Chénas aurait-il tenu à ce que la montagne ait aussi sa tour de télégraphe ?
Le mystère reste entier ! Si cette cabane se nomme ainsi, n’aurait-elle pas tout simplement été édifiée pour abriter des chasseurs ? Il semble plutôt qu’elle servait de point de rendez-vous pour toute une élite lyonnaise et mâconnaise qui aimait à giboyer alentours.